Je connaissais un peu Seamus Egan pour l’avoir entendu sur des disques de Robbbie O’Connell.
J’étais donc curieux en trouvant « When Juniper Sleeps » chez le disquaire de découvrir ce musicien.
Je pensais que Seamus jouait seulement des whistles et de l’uilleann pipe.
J’ai découvert un gars surdoué pratiquant huit instruments !
Seamus Egan est principalement connu comme flûtiste (flûte traversière en bois) et comme joueur de banjo.
Mais il faut aussi ajouter la mandoline, le bodhran et la guitare acoustique.
Un musicien complet donc qui avait commencé à jouer dès l’âge de sept ans.
Né à Philadelphie en 1969, il retourne vivre en Irlande avec ses parents à l’âge de cinq ans.
Sa passion pour la musique irlandaise va naître en écoutant jouer le flûtiste Matt Molloy (Bothy Band, Planxty, Chieftains).
Très vite, Seamus va vouloir pratiquer la musique traditionnelle va prendre des cours auprès de Martin Donoghue.
Très doué, le jeune Seamus va rapidement devenir champion d’Irlande dans deux disciplines : le whistle et la flûte.
Plus tard, il remportera également des compétitions de banjo et de mandoline.
En 1980, il retourne vivre aux États- Unis et fait la connaissance de Mick Moloney auprès duquel il va encore parfaire sa formation musicale.
En 1985, Seamus Egan sort son premier album solo « Traditional Music of Ireland » dans lequel il joue de six instruments.
Son deuxième album « Live in America » sera la fruit d’une collaboration avec Eileen Ivers, Liz Carroll, Jerry O’Sullivan…
Seamus Egan rejoindra également « The Green Fields of America » avec Mick Moloney, Jimmy Jeane, Robbie O’Connell.
Puis il formera à New York le groupe “The Chanting House » avec Eileen Ivers, John Doyle et la chanteuse Suzan Mckeown.
Etape importante en 1993 quand il enregistre le disque « Three Way Street » avec Mick Moloney et Eugene O’Donnell.
Plus qu’un trio, ce groupe représente trois générations de musiciens irlandais ayant migré vers les U.S.A.
Le violoniste Eugene O’Donnell étant le plus ancien des trois.
Entre temps, Seamus Egan compose également la musique du film «The Brothers McMullen » d’Edward Burns. Ce film raconte la vie de trois jeunes américains qui retournent vivre en Irlande après le décès de leur mère.
En 1996, Seamus sort son troisième album solo « When Juniper Sleeps ».
Dans ce cd, il a voulu mélanger des instruments acoustiques avec des instruments électriques.
Il nous livre une série de compositions personnelles assorties de morceaux traditionnels.
Un disque ayant également certaines colorations rock et jazz.
Pas moins de 11 musiciens participent à cet enregistrement.
On trouve donc Seamus Egan à la flûte, whistle, low whistle, uilleann pipe, bodhran, guitare acoustique, banjo tenor.
Mais aussi Michael Aharon, un autre phénomène multi-instrumentiste qui joue des claviers, du piano, de l’orgue Hammond, de la basse, des guitares électrique et acoustique, des percussions et du violoncelle !
Et avec eux, le percussionniste John Anthony, les guitaristes John Doyle et Zan McLeod, la violoniste Winifred Horan, l’accordéoniste John Williams, les bassistes Chico Huff et Lindsay Horner, les batteurs Daryl Burges , Steve Holloway et Ron Crawford.
Tout ce beau monde qui au gré des morceaux vient ajouter sa touche personnelle.
Avec une telle équipe il y avait moyen de réussir quelque chose d’impressionnant.
Et, de fait, ce cd est de très haut niveau.
Pour moi, quatre titres sont tout bonnement extraordinaires.
1) « Weep not for the Memories » :
Sur un rythme de slow, cette très belle composition interprétée au low whistle est superbement accompagnée par l’orgue Hammond de Michael Aharon et les basses de Chico Huff.
Un morceau plein de rêveries et d’espoir.
2) « The Czar of Munster » :
Petite variante orthographique pour The star of Munster, ce traditionnel irlandais est magnifiquement joué au banjo par Seamus.
Un reel endiablé avec le très efficace soutien des basses, batterie, fiddle, guitare et claviers.
3) « Farewell to Glasgow » :
Un autre classique de la tradition irlandaise.
Seamus y joue de la flûte grave et émouvante en dialoguant avec l’accordéon de John Williams.
Winifred Horan et John Doyle jouent également sur ce titre (une préfiguration du groupe Solas ?).
4) « Masons Apron/ My Love is in America » :
Deux reels très répandus dans le répertoire irlandais et écossais.
C’est dans ce disque que Seamus Egan se fait connaître en tant que guitariste.
Et quel guitariste également !
Seamus Egan a choisi une guitare avec des cordes en nylon.
Une pure merveille de sonorité.
A côté de lui, la guitare de John Doyle, sobre mais terriblement efficace.
Et puis les autres derrière avec les piano, batterie et basses pour rythmer ce titre de façon incroyable.
Le sommet du disque assurément.
Seamus atteint un tel degré de virtuosité, adoptant certaines techniques du banjo.
Il y a de telles variations une telle rythmique dans ce titre qu’on en reste sans voix.
Et qu’on envie de l’écouter et de le ré-écouter sans cesse.
Un de mes morceaux celtiques préférés !